L’Alternance

L’ère connaît une évolution en deux phases. La première qui va de 1982 à 1990 est consacrée à la maîtrise et à
la gestion de la transition et la seconde qui commence en 1990 consacre la renaissance des libertés, politiques au Cameroun.

La démission d’Ahmadou Ahidjo et l’accession de Paul Biya semblaient indiquer des lendemains harmonieux au Cameroun car, dans son discours d’investiture, Paul Biya se prononça pour la continuité dans la fidélité à une institution et à un homme, son illustre prédécesseur. Très vite cependant, des fissures apparurent dans ce bel édifice car, tout en se prononçant pour la continuité, Paul Biya plaça son régime sous la bannière de la rigueur et de la moralisation, mots encore inconnus dans le langage politique camerounais. Des inquiétudes se firent jour çà et là et, Ahmadou Ahidjo, qui n’avait pas abandonné la direction du parti UNC à son successeur, crut utile de passer par ce canal pour reprendre d’une main ce qu’il avait donné de l’autre. Il annonça le 31 janvier
1983 que l’UNC avait la prééminence sur l’État et il s’employa à le démontrer sur le terrain par des entorses protocolaires.

La fissure devint de plus en plus cassure et Paul Biya chercha à maîtriser et à gérer le pouvoir qu’il détenait. Il procéda à des remaniements ministériels, nommant de préférence des hommes à lui au détriment de ceux choisis par son prédécesseur. Le Cameroun entra alors dans une sorte de bicéphalisme qui donna lieu à des complots, des tentatives d’assassinats des procès et des condamnations. La crise la plus profonde dans cette bataille pour la maîtrise effective du pouvoir au Cameroun eut lieu le 6 avril 1984 lorsque certains officiers de l’armée camerounaise reconnus dans leurs faits et gestes, comme proches de l’ex Président de la République organisèrent un coup d’État pour renverser le président Paul Biya. Cette tentative de coup d’État échoua entraînant par ce fait même des procès.

L’échec de ce coup d’État libéra totalement Paul Biya de l’emprise de son illustre prédécesseur. Pour matérialiser cette émancipation, le Président Paul Biya prit une série d’options politiques marquant clairement la fin du bicéphalisme et la maîtrise d’un pouvoir dont il était désormais le seul et légitime propriétaire. C’est ainsi qu’il décida, sans transition, de passer de la République Unie à la République du Cameroun, d’organiser le quatrième congrès de l’UNC (à Bamenda, Province du Nord Ouest) au cours duquel l’UNC fondé par Ahmadou Ahidjo devint le RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais) avec pour fondateur Paul Biya. Il convoqua également les électeurs pour des présidentielles anticipées afin de se donner une légitimité populaire. Par ces actes, Paul Biya devint le véritable président de la République et put alors engager la seconde phase de sa gestion politique du Cameroun, celle qui est consacrée à la renaissance des libertés politiques.

Le 22 août 1983 : Tentative de coup d’Etat par des proches de l’ex président Ahmadou Ahidjo.

Le 27 août 1983 : Ahmadou Ahidjo démissionne de ses fonctions de Président national de l’UNC.

Le 14 septembre 1983 : Paul BIYA est élu Président de l’UNC.

Le 14 Janvier 1984 : Paul BIYA est élu Président de la République du Cameroun.

Le 21 janvier 1984 : Passage de la République Unie du Cameroun à la République du Cameroun.

Le 6 avril 1984 : Tentative de coup d’Etat par une fraction minoritaire de la garde républicaine.

Le 24 mars 1985 : L’Union Nationale Camerounaise devient Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) lors d’un Congrès extraordinaire à Bamenda, dans la province du Nord ouest.

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