Département : Hauts-Plateaux
Commune : Bangou
GPS : 5° 14’ 57’’ N 10° 23’ 57’’ E
Le « Jardin mémoriel de l’esclavage » est érigé sur le site de l’ancien « marché caché des esclaves » de Bangou, commune du département des Hauts-Plateaux située à une quarantaine de kilomètres de Bafoussam, la capitale régionale. Ce mémorial de l’histoire de la traite et de l’esclavage du Cameroun veut attirer des milliers de touristes chaque année, à l’image de la célèbre île de Gorée au Sénégal. L’histoire raconte que les personnes vendues sur cet espace étaient les enfants des dignitaires de la région ou les fils du village qui ne pouvaient être vendus sur la place publique par peur de représailles de la population locale. Pour ce qui est des fils des dignitaires, ils étaient vendus à cet endroit par vengeance de la population locale contre la vente des leurs sur la place publique par les dignitaires.
Dans sa dynamique de promouvoir le patrimoine national et de sensibiliser tous les publics à la mémoire collective de l’esclavage au Cameroun, la Route Des Chefferies a entrepris d’aménager ce lieu chargé d’histoire en vue de le valoriser, grâce à un financement de l’Agence française de développement (AFD).
Le projet s’étend sur une superficie de 6 871 m2 et s’articule autour d’un bâtiment qui sert de salle d’accueil et d’une exposition de plein air qui associe des contenus historiques et artistiques. L’exposition s’organise sur un parcours d’esclave à travers une dizaine d’espaces thématiques. Sa mise en œuvre a mobilisé des artistes contemporains et des experts de la Route Des Chefferies. Les visiteurs peuvent ainsi contempler l’œuvre « Nightmare » (cauchemar, en français) du jeune artiste multimédia Ulrich Kenmegne Kom, une sculpture métallique d’homme de taille humaine avec 2 autres bustes le tout enfoui dans un socle. Celle-ci invite le public à s’interroger sur ses connaissances de l’histoire de l’esclavage et de la véracité de ces dernières.
L’œuvre, apprend-on, s’inspire d’une scène racontée par un descendant d’esclave de la région de l’Ouest qui relate la violence et la cruauté avec laquelle ses parents étaient capturés. Au centre du site, l’installation sculpturale « Prisoner » (Prisonnier) de 8 m de l’artiste plasticienne Justine Gaga, faite principalement en métal et plexiglass et d’autres types de matériaux, matérialise l’esclavage contemporain. « C’est un site mémoriel mis en place pour pouvoir commémorer la mémoire des personnes qui ont été déportées du Cameroun ». Au-delà du devoir de souvenir et de mémoire, le « Jardin mémoriel de l’esclavage » de Bangou a une vocation touristique importante.
Ce site, qui a une portée universelle, s’adresse d’abord aux Camerounais eux-mêmes qui ont besoin de connaître leur histoire, et de la connaître sur le lieu même où les choses se sont passées.